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La capitale, c’est Manchester !

29 Août

13-3. C’est le résultat du match Manchester-Londres de ce dimanche, soit une victoire de City 5-1 à Tottenham et un succès 8-2 de United contre Arsenal. À n’y plus rien comprendre ! Pourtant, si l’on regarde de plus près, on remarque que le rapport de force n’est plus le même : l’épicentre du football anglais s’est désormais déplacé de 250 kilomètres au nord. Pour quelles raisons ? Voici quelques éléments de réponse…

United/City : les frères ennemis

United/City : les frères ennemis

Le déclin des londoniens

Il serait imprudent de tirer des conclusions après seulement trois journées car elles seraient trop hâtives de toute façon. Mais, en comparant les forces en présence par rapport à la même époque l’an passé, trois équipes londoniennes pouvaient prétendre à remporter le titre : Chelsea, Arsenal et Tottenham. Une année plus tard, seul Chelsea semble en mesure de récupérer son titre de 2010. Sur le plan comptable, les Blues ne sont qu’à deux points du duo de tête mancunien, mais au niveau du jeu, ils en sont à des années lumières pour l’instant. Certes, l’équipe est en reconstruction et s’est déjà renforcée, notamment avec l’arrivée de Juan Mata, qui a signalé son arrivée par un but et qui apportera de la créativité à un milieu de terrain lent et peu inspiré ces derniers mois, en attendant peut-être Luka Modric, mais outre ce milieu manquant d’idée, la défense inquiète, en difficulté face à la puissance de Holt et à la justesse technique de Hoolahan, le meneur de jeu des Canaries. Le retard concédé aux deux clubs du Lancashire semble difficile à combler pour cette saison et il faudra laisser du temps à André Villas-Boas pour construire un groupe capable de redevenir un des favoris tant sur le plan national qu’européen, malgré le fait que justement, donner du temps, n’est pas dans les habitudes du propriétaire Roman Abramovitch.

Chelsea reste néanmoins devant ses voisins du nord de Londres, dont la situation semble pour eux désespérée à l’heure actuelle. La première raison à cela est l’absence quasi-complète de renforts durant le mercato. Les claques subies ce week-end en disent long : il va falloir faire en deux jours, avant la fermeture du marché des transferts, ce qui n’a pas été fait en deux mois, c’est-à-dire se renforcer.

Du côté d’Arsenal, ni Nasri ni Fabregas n’ont été remplacés d’où les carences flagrantes dans la création sur la pelouse d’Old Trafford, avec Rosicky et Arshavin transparents, la défense est complètement dépassée sans Vermaelen ni Sagna et le banc manque clairement de profondeur. Les blessures et les suspensions peuvent être une excuse, mais jusqu’à un certain point seulement. Depuis maintenant bien trop longtemps, Arsène Wenger aurait pu acheter un défenseur central, comme Jagielka ou Cahill, plusieurs milieux de terrain et un attaquant. Il aurait pu aussi laisser partir Nasri plus tôt, afin de se laisser plus de temps pour lui trouver un remplaçant. Mais l’Alsacien en a décidé autrement, et par conséquent son équipe partait perdante avant même le coup d’envoi, dès l’annonce des compositions d’équipe. Ce n’est plus un problème d’âge car les équipes avaient une moyenne de 23 ans, mais plutôt d’expérience voire de niveau tout simplement. Comment le jeune Jenkinson peut-il passer de la D6 à Old Trafford en l’espace d’un an seulement ? Comment Armand Traoré peut-il porter le maillot d’Arsenal, si tourmenté par Nani et dont l’attitude après la rencontre était scandaleuse, lui qui, face aux supporters, à la fin du match ne pouvait s’empêcher de rigoler ? Que dire du banc, composé de Miquel, Sunu et Ozyakup pour ne citer qu’eux… C’est simple, il ne sert plus à rien de parler de titre à Arsenal, n’y même envisager une place dans les quatre premiers pour l’instant, car le projet de Wenger est proche de l’échec, sa politique, si tenté qu’il en est une en ce moment, ne prend pas. Il mérite de par ce qu’il a apporté au club d’être celui qui va reconstruire cette équipe en lambeau, mais il doit revoir ses plans rapidement, avant qu’on ne prenne les décisions à sa place. Voilà où en sont les Gunners : plus bas que terre !

Les Spurs n’ont jamais été aussi proche de leurs voisins du nord de la capitale (du pays, pas du football anglais), mais pas pour une lutte au sommet. Comme l’a si bien dit Redknapp à l’issue de la rencontre, la pré-saison du club a été très difficile. L’annulation du premier match contre Everton à cause des émeutes à Londres, les joueurs mis de côté ayant du mal à partir (Jenas, Bentley, Hutton, Palacios, Pavlyuchenko), le meilleur joueur, Modric, qui souhaite lui s’en aller, le manque d’activité sur le marché des transferts, tout cela s’est ressenti dans la performance de Tottenham hier. Le milieu de terrain des Citizens a étouffé celui des Spurs dépourvu de récupérateur, d’où la signature imminente de Scott Parker à ce poste, ce qui a permis à Dzeko de se créer toutes ces occasions de buts et de marquer quatre buts. Éprouvant tant de difficultés à récupérer le cuir et à en faire bon usage par la suite, dû au manque de créativité d’une équipe où Modric n’avait pas la tête au match et où Bale et Lennon ont peu recherché la profondeur, Tottenham est encore convalescent et il est difficile de la voir faire mieux que la saison passée. Il faut garder Modric, lui remettre la tête à l’endroit, et surtout continuer à rafraîchir l’équipe après l’arrivée en prêt d’Adebayor de… Manchester City.

C’est Madchester !

La ville qui a vu naître les frères Gallagher serait-elle désormais l’équivalente de Milan au niveau du football anglais ? L’axe United-Chelsea, qui a glané les sept derniers titres de champions à lui seul, semble être perturbé avec l’émergence de Manchester City. Il n’y avait qu’un seul grand club jusqu’ici à Manchester, ils pourraient être deux si City continue sur sa lancée du mois d’Août et lutte pour les titres en jeu. Les deux premières victoires, contre Swansea et Bolton, étaient brillantes, mais c’est à White Hart Lane que les hommes de Roberto Mancini ont envoyé un signal fort à leurs concurrents, s’affirmant ainsi comme potentiel candidat au titre de champion d’Angleterre avec cette victoire 5-1, même si en face, ce n’était pas le Tottenham d’il y a quelques mois. La saison passée, lors de la même affiche, le manager italien avait garé le bus de l’équipe devant les buts de Joe Hart afin de ramener un point. Hier, les Citizens n’étaient pas reconnaissables : leurs intentions étaient beaucoup plus offensives, et tout indique qu’il en sera ainsi quelque soit l’adversaire en face. La défense est très solide et le duo de récupérateurs Yaya Touré-Barry permet au quatuor magique Silva-Agüero-Nasri-Dzeko de s’exprimer offensivement, sans oublier leurs tâches défensives. Nasri a créé plus de dix occasions au cours de la rencontre pour signaler son arrivée, dont trois passes décisives, et Dzeko est le premier joueur de Manchester City à signer un quadruplé en Premier League. Le banc des remplaçants est lui très fourni : Tevez, Balotelli, Milner, Kolarov, Richards… Carlos qui ? Il est encore trop tôt pour s’enflammer, mais il va falloir compter sur eux cette saison.

Sir Alex Ferguson le sait mieux que quiconque, la menace la plus sérieuse à l’heure actuelle vient des noisy neighbours. Et au vu de la destruction d’Arsenal par ses joueurs, il semble que ces derniers soient prêts à relever le challenge proposé. Le manager écossais construit actuellement ce qui pourrait être une nouvelle grande équipe, composée de jeunes, formés aux clubs (Cleverley, Welbeck, Johny Evans) ou recrutés par ses soins (De Gea, Smalling, Jones), et des cadres (Vidic, Evra, Ferdinand, Rooney, Giggs) qui prennent du grade après les départs en retraite de l’été (Van der Sar, Scholes). Et les premiers signes sont très encourageants : quatre victoires au mois d’Août, seize buts inscrits, soit une moyenne de quatre par match. Impressionnant, non ? Les recrues sont déjà très bien intégrées : Ashley Young par son intégration réussie (en plus de la forme de Nani) font oublier l’absence de Valencia , Jones apparaît déjà comme un leader en devenir du haut de ses 19 ans, à un poste (défenseur central) où l’expérience est primordiale et De Gea semble petit à petit faire taire les critiques en progressant match après match et, soyez en sûr, il gardera la cage des Red Devils pour les prochaines années à venir. Quoi qu’il arrive, l’avenir est radieux à Old Trafford… et à Manchester tout court. Même si la politique n’est pas la même, City achetant des stars et United les formant la plupart du temps, Manchester est actuellement the place to be en Angleterre. Welcome to Manchester !