Silence, on coule à Bradford !

31 Août

Alors que l’équipe de rugby à XIII de la ville, les Bradford Bulls, brille en Super League ces dernières années, celle de football, Bradford City, est en train de couler doucement mais sûrement. À l’issue de la saison 1998-1999, les Bantams accèdent à la Premier League et se maintiennent miraculeusement en terminant 17ème au classement. Depuis, c’est la dégringolade : les Paraders évoluent désormais en League Two, la quatrième division anglaise. Pas étonnant au vu des déboires du club depuis maintenant dix ans. La chute se poursuit, et il se pourrait qu’ils n’aient pas encore touché le fond…

Valley Parade, l'antre des Bantams

Pour les vainqueurs de la FA Cup en 1911, le plan est simple mais très (trop ?) ambitieux : remonter en Championship (D2) à l’horizon 2016. Actuellement, les Bantams végètent au dernier étage du football professionnel anglais, en D4, depuis maintenant trois saisons, sans jamais vraiment lutter avec les équipes de tête. Et, celle en cours n’a pas vraiment bien commencé : quatre défaites et un nul (avant une victoire le week-end dernier), alors que treize nouveaux joueurs sont arrivés à Bradford cet été. Résultat : le manager du club Peter Jackson a démissionné de son poste jeudi dernier au cours d’une réunion du board, alors que les dirigeants, le président Mark Lawn en tête, souhaitaient « construire » pour faire entrer le club dans une nouvelle ère, afin de renouer avec le succès et les promotions.

Personne donc ne s’attendait à ce départ si brusque et si surprenant de celui qui fût un joueur historique du club (1979-1986 puis 1988-1990), notamment durant l’incendie du stade en 1985, et qui venait de signer un contrat d’un an cet été après avoir occupé le poste en tant qu’intérimaire depuis six mois. Mais, en se renseignant sur l’histoire récente du club du Yorkshire, on se rend compte que les troubles de ces dernières années ne sont pas anecdotiques, mais plutôt liés à des problèmes financiers et de nombreuses erreurs.

Officiellement, cette démission a été accueillie par le board avec stupéfaction, celui-ci ne comprenant pas cette décision, mais maintient avec la plus grande fermeté que celle-ci était uniquement celle de Jackson : « Peter a dit au board qu’en raison du mauvais départ pris en ce début de saison, il a senti que démissionner maintenant pourrait donner au club le plus de chance possible pour le reste de la saison. »

Les joueurs eux-mêmes étaient surpris de cette décision, comme Michael Flynn, au club depuis 2009 : « Personne n’a une idée. En quittant le club, j’ai blagué avec le coach parce qu’il portait une chemise et un pantalon. Je lui ai demandé s’il avait un rendez-vous galant, et il a juste dit, « Non, une réunion du board ». Ce qu’il s’est passé au cours de la réunion du board, je ne le sais pas. »

Mais les rumeurs expliquant son départ se multiplient chez les fans et dans la presse locale. Les dirigeants, comme le confirme Lawn, discutaient d’une « augmentation des budgets afin de faire signer des joueurs expérimentés et les attirer ». Mais il se murmure que le board aurait par exemple refusé de lui accorder l’autorisation de faire signer l’ailier d’Huddersfield Town (D3), Danny Cadamarteri, ancienne promesse d’Everton n’ayant jamais confirmé au plus haut niveau et qui avait été viré de Bradford en 2006 pour avoir manqué un contrôle anti-dopage.

Des bruits courent aussi sur des supposés désaccords entre le désormais ex-manager et le nouveau directeur du recrutement, Archie Christie. Ce dernier est chargé de mettre en place une seconde équipe en parallèle des professionnels, composée de jeunes joueurs capables à tout moment passer à l’étage supérieur si le besoin s’en fait ressentir. Même si officiellement (une fois de plus), tout cela s’est fait avec l’accord de Jackson, il apparaîtrait que le couple ne s’entendait pas à merveille.

Même si tout cela reste à confirmer, il est néanmoins certain que ce n’est pas là que les problèmes du club ont commencé. En effet, économiquement parlant, les premiers déboires s’expliquent déjà par les deux fois où le club a été placé sous administration judiciaire. En 2002, alors que le club évolue en Championship (D2), Bradford est un des 72 clubs touché par la faillite d’ITV Digital et ne touche pas les £5 millions qui lui étaient promis. Le club est alors endetté à hauteur de £13 millions, et doit payer le salaire de son joueur star, Benito Carbone, qui touche un salaire équivalent à £400000 par semaine (en grand gentleman, il ne réclamera pas une grande partie de ses impayés), ainsi que ceux de Dan Petrescu et Stan Collymore. C’est ce qu’à l’époque Richmond, le président, avait appelé les « six semaines de folies » durant lesquelles il avait acquis ces trois joueurs de renom, ce qu’il regrettera par la suite d’un point de vue financier.

Et l’on remet ça en 2004 ! La famille Rhodes et Gordon Gibb, les deux actionnaires principaux, avaient sauvé le club de la faillite début 2003, mais une querelle éclate et Gibb quitte le bateau ivre. Finalement, le club pourra rester en League One (D3), mais à quel prix ? Une relégation l’année précédente… Et une nouvelle en 2007, pour se retrouver en League Two (D4), où le club lutte, et c’est le terme adéquat, encore actuellement.

Car il n’y a pas de secret : un club instable n’atteindra que rarement les objectifs qu’il se fixe. Regardez Abramovitch et sa quête de la Champions League… En treize ans, depuis la nomination de Paul Jewell au poste de manager, dix autres noms ont tenté tant bien que mal de maintenir le navire à flot. Hutchings emmènera le club en Coupe Intertoto, mais ne survivra pas à l’ire de Geoffrey Richmond. Jim Jefferies restera un an après lui, mais ne convaincra pas le difficile ancien président des Bantams, tout comme les résultats et le jeu prôné par son successeur, Nicky Law. Bryan Robson, l’ancienne légende de Manchester United, n’arrêtera pas la chute du club en D3, et le suivant Colin Todd ne parviendra pas à maintenir le club en D3, remplacé par l’intérimaire David Wetherall, lui qui avait maintenu le club en Premier League en tant que joueur par son but contre Liverpool en 2000, qui achèvera la saison débutée avec Todd.  Enfin, ni McCall ni Peter Taylor ne permettront aux Paraders de remonter en D3.

La nouvelle est tombée rapidement après l’annonce du départ de Jackson, c’est Phil Parkinson qui prendra le relaie à la tête de l’équipe, et qui tentera de réussir là où aucun depuis dix ans n’est parvenu à répondre aux attentes des fans et des dirigeants. La valse des managers n’a visiblement pas fonctionné à Valley Parade.

L’arrivée de Mark Lawn en 2007 en tant qu’investisseur comme président a permis à Bradford City de rembourser ses dettes et, depuis quatre ans, il a beaucoup investi dans le club qu’il supporte depuis son enfance. Mais, comme l’on soulignés McCall et Taylor suite à leurs départs, Lawn n’est pas un président avec qui il est facile de travailler. Il incombera à Parkinson, qui sera sur le banc des Citizens dès ce week-end après avoir assisté depuis les tribunes aux deux derniers matchs du club (deux succès : 4-2 contre Barnet puis 0-0, 3-1 aux tirs au but contre Sheffield Wednesday lors du premier tour du Johnstone’s Paint Trophy), de redorer le blason d’une équipe qui a tant souffert ces dernières années. Et le plus vite possible, pour éviter que le chute ne se prolonge davantage. Bonne chance à lui en tout cas…

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