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La descente aux enfers de Brian Little

27 Août

Des destins comme celui de Brian Little, il en existe plein dans le monde du football. Joueur de niveau correct dont la carrière fut arrêtée à 26 ans pour cause de blessure, un one-club player à Aston Villa entre 1970 et 1980, comptant une seule sélection en équipe nationale d’Angleterre (il n’est pas le seul non plus à ce niveau-là…), sa carrière d’entraîneur, pourtant prometteuse, est désormais une cause perdue, sûrement à jamais. Comment cela a-t-il bien pu arriver ? Récit…

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« Les résultats sont la chose la plus importante. Nous devions bien démarrer, mais il semble que nous n’en prenons pas le chemin. J’ai réfléchi à ce propos durant le week-end et j’ai parlé avec Brian. Il n’y a jamais de bon moment pour cela, mais j’ai été patient avec lui. Vous vous donnez toujours une meilleure chance si, quand les choses ne vont pas bien, vous le faites rapidement. » Ces mots ont été prononcés à BBC Lincolnshire par l’homme qui a montré la porte à Brian Little, Peter Swann, le président de… Gainsborough Trinity, club de Blue Square North (D6), après avoir viré son entraîneur à l’issue de la 4ème journée de championnat.

Après une victoire en ouverture et quatre points en deux matchs, Trinity a perdu les deux dernières rencontres, contre Hinckley United et Stalybridge Celtic, tout en concédant huit buts. Trop, c’est trop donc pour les dirigeants du club, qui ont vu Boro terminer 14ème puis lutter pour le maintien lors des deux saisons de l’ère Little (août 2009-août 2011).

Mais comment en est-il venu à entraîner un club de D6 ? Peut-être qu’il ne parle pas à la grande majorité d’entre vous, mais les puristes du football anglais se rappelleront de cet attaqaunt de poche (1,75 mètres) qui disputa 247 matchs pour 60 buts marqués sous le maillot des Villains, un des nombreux avants-centres réputés qu’a vu naître Newcastle. En tant que joueur, il compte plusieurs acquis : vainqueur de la Third Division en 1971-1972, une sélection en équipe nationale, vingt buts, une promotion en First Division et une League Cup, tout ça lors de la saison 1974-1975, et une seconde League Cup deux ans plus tard, où il marque un triplé en demi-finale et un doublé lors du replay de la finale contre Everton à Old Trafford.

Souvent associé en attaque avec Andy Gray (l’ex-gourou de Sky Sports viré il y a peu), formant un duo prolifique, il fait partie des douze premiers membres du Hall of Fame d’Aston Villa, malgré qu’il ait arrêté sa carrière à 26 ans pour une blessure au genou. Une carrière plus qu’honorable, de quoi lui donner un crédit important à l’orée d’une reconversion comme manager.

N’ayant joué que sous les couleurs du club de Birmingham, vous l’aurez deviné, il ne pouvait entraîner qu’une seule équipe : Aston Villa. Il fit d’abord ses classes à Wolverhampton Wanderers (1986), le club de la banlieue de la ville, et à Darlington (1989-1991) qu’il fit remonter en D4. Puis, il grimpa de deux divisions et transforma en trois ans Leicester City de potentiel reléguable à promu en Premier League (1991-1994).

Sa côte n’en finit plus de grimper, et c’est tout naturellement que Doug Ellis, l’ancien président controversé des Villains, décida de l’engager sans plus attendre en 1994. L’offre d’un retour aux sources, sur le banc de son club de cœur, ne pouvait bien évidemment pas se refuser. Il reprit en main une équipe vieillissante, qui venait certes de finir deuxième en 1992-1993 mais qui avait péniblement commencé la saison suivante, en engageant une refonte de l’effectif tout en le rajeunissant. Des nouveaux joueurs comme Savo Milosevic, le local hero Ian Taylor et le futur buteur de Manchester United seront les fers de lance de l’équipe qui gagnera la League Cup contre Leeds (3-0) en 1996, la troisième de Little après deux en tant que joueur, et qui finira 4ème en Premier League.

Mais cette saison 1995-1996 restera comme celle du pic de la carrière d’entraîneur de Brian Little. Une longue et lente descente aux enfers commence pour le Geordie. Après une cinquième place en 1996-1997, il démissionnera en février 1998 à la suite d’une première partie de saison en demi-teinte.

S’ensuivent alors plusieurs courts passages dans des clubs de D3 : Stoke City (1998-1999) qu’il ne parviendra pas à faire monter en Championship, de même pour West Bromwich Albion (1999-2000) et pour Hull City (2000-02), qu’il conduira jusqu’au play-off la première saison, mais après avoir dépensé £1 million en transferts à l’été 2001, il sera limogé à la mi-saison, laissant les Tigers à une 6ème place en deçà des expectations.

Sa carrière de manager semble prendre un nouvel élan à Tranmere Rovers, qu’il sauva d’abord de la relégation (2004) puis emmena en play-off et en quart de finale de la FA Cup (2005). Mais la troisième saison fut elle bien plus pénible et, évitant la relégation en D4 de peu, il quitta les Rovers d’un commun accord en 2006.

Lui par contre redescend d’une division en acceptant le poste d’entraîneur de club gallois de Wrexham, mais il ne parviendra ni à le maintenir en D4 à l’issue de la saison 2006-2007 ni à bien débuter le championnat suivant en D5, ce qui conduisit à son licenciement fin septembre 2008. La suite, vous la connaissez…

Alors pourquoi de tels mauvais résultats après des débuts si prometteurs ? Lui qui redora le blason de Leicester City, emmenant les Foxes en Premier League et qui imposa son style à une équipe d’Aston Villa séduisante et attractive, produisant un football offensif et vainqueur de la League Cup 1996, dernier trophée glané par les Villains à ce jour.

Peut-être bien que Brain Little a un destin à la Freddy Adu : beaucoup de promesses, mais avec le temps, de l’eau à coulé sous les ponts et il n’a pas réussi à confirmer les espérances placées en lui. C’est le déclin puis l’oubli. Il y a donc très peu de chance qu’il retrouve désormais une place au soleil sur le banc d’un club professionnel du Royaume, tout du moins en tant que manager, car sa réputation en a pris un sacré coup après ses multiples échecs. Et c’est la dure vie du métier d’entraîneur.